Raphaël Masvigner: «Le monde ne changera pas si on garde les mêmes indicateurs de valeur»
Le co-fondateur de Circul-R, une startup visant à rapprocher les acteurs de l’économie circulaire, était invité à la plénière d’ouverture du World Forum à Lille. Il a rappelé l’urgence d’agir de manière concrète pour l’économie circulaire.
Par Aude Deraedt |
Raphaël Masvigner, co-fondateur de Circul-R, a clôturé la plénière d’ouverture du World Forum à Lille. Photo La Voix
« Nous sommes convaincus que l’économie circulaire doit être locale et sociale. » Raphaël Masvigner, co-fondateur de Circul-R, est l’invité surprise de la plénière d’ouverture du World Forum au Théâtre du Nord à Lille. Passer à 29 ans à la tribune après des poids lourds tels que Michael Shuman, fondateur de Business Alliances for Local Living Économies (BALLE) et Erol Kiresepi, président de l’Organisation internationale des employeurs (OIE)… La tâche n’avait rien d’aisée. Il est pourtant parvenu à synthétiser avec brio cette première conférence, rappelant que pour que transition il y ait, « l’ensemble de l’écosystème » doit changer.
Des solutions, ce jeune chef d’entreprise en a par dizaines. En 2015, son acolyte Jules Coignard et lui se sont offerts, grâce au financement participatif, un tour du monde de l’économie circulaire. Un projet de 17 mois durant lesquels ils ont recensé les bonnes idées, de l’éolienne inspirée des baleines à bosse au Canada à l’école verte de Bali. « Le modèle le plus parfait, c’est la nature », souligne-t-il. « Si on arrive à la regarder comme une bibliothèque, on pourra faire cette révolution responsable. »
« Notre modèle éducatif n’a pas changé depuis la révolution industrielle. Il n’a pas bougé ! Les enfants d’aujourd’hui sont pourtant les leaders de demain »
De retour en France, Raphaël Masvigner et Jules Coignard ont lancé leur startup. Leur but ? Construire le premier réseau mondial des startups de l’économie circulaire et accélérer la transition. « On a les solutions », lance-t-il à l’assemblée de la plénière du Wold Forum. « Pourquoi ne les met-on pas en place ? » Il évoque les « lobbyistes financiers », principaux freins, selon lui, « qui empêchent d’avancer vers une économie circulaire ».
Pour Raphaël Masvigner, l’une des urgences se trouve dans les indicateurs de valeur. « Le monde ne changera pas si on garde les mêmes », affirme-t-il en évoquant notamment le produit intérieur brut (PIB). Il propose d’en créer un nouveau, pour « prendre en compte l’impact social et environnemental ».
Son autre combat ? L’éducation. « Notre modèle éducatif n’a pas changé depuis la révolution industrielle. Il n’a pas bougé ! Les enfants d’aujourd’hui sont pourtant les leaders de demain. » Il suggère d’y intégrer là aussi l’économie circulaire, quitte à remplacer, par exemple, les cours d’éducation civique. Et rappelle que « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ». Ce n’est pas Mandela qui dira le contraire.